Bruit originaire – Terra Amata, Nice
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2019 – Ligne
Ligne
2019
Vidéo,
1:53 min
Production of the artist
La vidéo Ligne est un clin d’oeil aux foyers les plus anciens du monde découverts sur le site de Terra Amata. L’action filmée présente une main traversant l’écran de gauche vers la droite munie d’un charbon de bois, outil premier de dessin. La main trace une écriture, une ligne vibrante de manière physique. Le charbon crisse, craque, crépite sous la pression de la main dessinatrice. Plusieurs interprétations sont possibles pour aborder cette trace en mouvement. Nous pouvons y voir la représentation d’un simple paysage, l’espace du cadre filmé étant scindé horizontalement en deux parties en son centre. Cette ligne peut également exister pour elle-même, uniquement pour l’expérience en soi de l’acte de dessiner. Le médium vidéo capture et retransmet ce geste en train d’être réalisé in vivo. Absent habituellement de notre regard, ce geste du dessin est ici le sujet. Finalement, cette ligne peut aussi être la représentation du bruit que produit le geste même écrasant le charbon de bois sur la surface de la feuille, au même titre que la représentation graphique du crépitement du feu. Une exemplification en somme : le charbon de bois issu du feu, le bruit de ce feu et sa représentation graphique. Par l’épreuve (double sens ici qui renvoie à l’action et au champ lexical photographique) du geste dessinant une ligne, la main écrase le charbon de bois. Le dessin obtenu est le résultat de la confrontation de l’outil au support. Les craquements, les frottements, les éclatements, tous ces phénomènes induisent le résultat final du dessin. La puissance, la dynamique et la rythmique sont propres à l’endurance du corps dessinant et à la résistance physique du morceau de charbon de bois sur le support.
2019 – Infra
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Infra
Pour le Préhistorien, les sols
archéologiques constituent de précieux témoignages laissés par nos
lointains ancêtres pour comprendre leur mode de vie. Ce sol, composé de
dalles de béton noir, répond au grand moulage de l’unité
archéo-stratigraphique DA4 qui se trouve au rez-de-chaussée du musée.
Ces empreintes réalisées à partir d’outils de pierre et de collections
issues du site de Terra Amata permettent de créer une différence si
ténue, avec le vestige archéologique lui-même, qu’on ne peut l’entrevoir
que par l’imagination. Elles participent ainsi d’une forme de
Paléontologie inversée où l’empreinte devient le fossile lui-même, pour
mieux nous donner à voir la quête du Préhistorien, celle de nos
origines.
Infra, archéologie du corps ou comment les gestes bâtissent
2019
Black concrete paving stones floor,
In situ installation,
Variable dimensions
Production of the artist
For the Prehistorian, archaeological soils are precious testimonies left by our distant ancestors to understand their way of life. This floor, composed of black concrete paving stones, echoes the large moulding of the DA4 archaeo-stratigraphic unit which is located on the ground floor of the museum. These footprints, made from stone tools and collections coming from the Terra Amata site, make such a small difference to the archaeological remains themselves that they can only be imagined. They thus participate in a form of reversed Paleontology where the imprint becomes the fossil itself, to enable us see the quest of the Prehistorian, that of our origins.
2019 – Origine
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Origine
Ces prises d’escalade en béton noir ont
été réalisées à partir d’industries lithiques (outils de pierre) mises
au jour sur le site de Terra Amata. Cet ensemble de pièces libres court
sur les murs et ponctue ainsi l’espace du musée. Ces empreintes de
béton, matériau moderne s’il en est, entrent en résonance avec les
collections présentées en vitrine. Elles nous montrent comment ces
vestiges préhistoriques nous permettent d’appréhender le comportement et
le mode de vie de nos lointains prédécesseurs pour s’élever vers la
connaissance de notre passé.
Origine
2019
Black concrete in situ installation,
Variable dimensions,
These black concrete climbing holds were made from lithic productions (stone tools) found at the Terra Amata site. This set of free pieces runs on the walls and thus punctuates the museum space. These concrete prints, a so-called modern material, echoe the collections presented in the display case. They show us how these prehistoric vestiges allow us to understand the behaviour and way of life of our distant predecessors in order to rise towards the knowledge of our past.
2019 – Livres Nomades
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Livres nomades
Entre monochrome et objet usuel
artisanal, les « livres » de Charlotte Pringuey Cessac sont des feuilles
de papier créées par l’artiste selon la technique traditionnelle et
teintées dans la masse avec du charbon de bois et des pigments
naturels : ocre jaune et terre de sienne. Cette bibliothèque
fragmentaire composée de livres paysagers, d’essence géologique,
comporte une «écriture» gaufrée inscrite au cœur du papier. Cette
subtile empreinte, tactile plus que lisible, correspond à une onde
sonore enregistrée dans la trame. Entre écriture braille et vibration,
elle contient en puissance une mémoire et un message.
Cette œuvre est une proposition en regard aux « crayons » d’ocre
découverts sur le site et plus particulièrement la transformation
d’ocre jaune en ocre rouge sous l’action du feu. La transformation de
la goethite en hématite et la découverte d’un nombre remarquable
d’ocres, soit 76 granulés de 1 à 2 cm d’épaisseur, démontrent une
action anthropique délibérée. Ces granules d’ocre présentent une surface
lustrée indiquant qu’ils ont été frottés sur une surface molle.
Premiers éléments de peinture corporelle ? Premier signe d’une
expression ? Nos outils d’analyse nous font encore défaut pour
déterminer une utilisation intentionnelle par les femmes et les hommes
de Terra Amata. À quoi ces « crayons » d’ocre ont-ils servi ? Rien n’est
encore scientifiquement démontré, et sans trace, le mystère reste
entier. Nous ne savons pas à quoi ces ocres ont servi, mais ils ont
servi. Ceci pose la question de l’expression symbolique humaine il y a
400 000 ans. En regard à cette question laissée en suspens, la pièce se
matérialise en deux livres de poche, des livres qui nous accompagnent
dans nos itinérances. Non reliés, ces livres sont constitués de feuilles
libres. Chacune de ces feuilles sont entièrement faites à la main,
teintées dans la masse et gaufrées d’un message phonétique
indéchiffrable. Chaque feuille est comme une peau qui fait corps avec la
couleur de l’ocre pour le premier des livres et du charbon de bois pour
le second. Le message gaufré représente une écriture, silencieuse, un
message oral sous la forme d’un graphisme sonore.
Il fait écho à la
pratique de la scarification, autre expression graphique corporelle que
l’on retrouve chez des ethnies premières…
Livres nomades
2019
Handmade papers and pigments,
10 x 15 cm
Variable number,
Midway between monochrome and a common craft object, Charlotte Pringuey Cessac’s « books » are sheets of paper created by the artist according to the traditional technique and dyed in the mass with charcoal and natural pigments: yellow ochre and sienna. This fragmentary library made of landscape books, of geological essence, includes an embossed « writing » inscribed in the heart of the paper. This subtle imprint, tactile rather than readable, corresponds to a sound wave recorded in the thread. Between Braille writing and vibration, it contains a powerful memory and message.