2016 Speranza – Vent Des Forets
Speranza (Résidence au Vent des Forêts – Juillet 2016)
Numéro 204 – Charlotte Pringuey-Cessac ouvre une brèche de 24m dans une pente dégagée en forêt qu’elle constelle de centaines de blocs de charbon de bois. La matière première noire, calcinée qui affleure le sol dessine de loin une trainée, un filon. Les formes oblongues taillées aux reflets naturels palpitent au cœur de cette faille, invitent à une archéologie primitive et sensible, témoignent des forces telluriques et humaines à l’œuvre dans Speranza.
Marie-Céline HENRY
Critique d’art
Lors de ma première venue au VDF, Pascal Yonet et Romain Barré, son assistant, m’emmènent à l’usine de CarboFrance à Montiers-Sur-Saulx dirigée par Nadège Simon. Elle me fait visiter l’usine et j’y découvre les incuits (gros blocs de bois carbonisés de manière incomplète). Inaptes à la vente et pourtant si précieux une fois façonnés, les incuits me paraissent être une évidence.
Immédiatement, je veux «jouer» avec ces «rebuts», véritable découverte dans cette usine.
L’idée de la faille, de la découpe nette dans la chair de la terre, s’impose pour générer une ligne simple et franche en pleine forêt.
«Vendredi ou Les Limbes du Pacifique» de Michel Tournier est l’origine littéraire de cette faille. C’est le lien fort et charnel de Robinson avec la nature, avec l’île elle-même, Speranza, qui nourrira le projet jusqu’à lui donner son titre.
J’aborde la sculpture en «creux», dans le matériau de la terre, afin d’excaver un paysage intérieur, intime et foisonnant de matières noires colorées.